L’ambassadeur de la République du Soudan au Sénégal, Abdelghani Elnaim Awad Al-Karim Abdallah, a tenu ce jeudi une conférence de presse à l’ambassade du Soudan à Dakar, au cours de laquelle il a livré une déclaration solennelle sur la situation dramatique qui prévaut dans son pays, notamment dans la ville d’El Fasher, capitale du Darfour.
Le diplomate a ouvert son discours par une prière en hommage aux « martyrs civils et militaires du Soudan » et a souhaité un prompt rétablissement aux blessés, tout en appelant au retour des disparus et prisonniers.
Un « génocide du XXIe siècle » selon Khartoum
L’ambassadeur a qualifié les événements d’El Fasher de « tragédie du XXIe siècle » et de « deuxième génocide en Afrique », survenu « sous le regard du monde entier ». Selon lui, ces violences seraient le fait de la milice des Forces de Soutien Rapide (FSR), qu’il décrit comme « une milice terroriste armée et financée par les autorités des Émirats Arabes Unis ».
Le diplomate a affirmé que cette milice aurait recruté des mercenaires étrangers, notamment en provenance de Colombie et d’autres pays, pour combattre aux côtés des FSR et « entraîner les enfants aux tactiques de la guerre ».
Un pays aux ressources convoitées
Rappelant que le Soudan est le troisième plus grand pays d’Afrique avec plus de 50 millions d’habitants, le diplomate a insisté sur la richesse de son territoire : terres agricoles fertiles, pétrole, gaz, or, uranium et cobalt. Il a souligné que le pays produit 80 % de la gomme arabique mondiale, utilisée notamment dans les boissons gazeuses.
Selon lui, ces ressources naturelles attisent « la convoitise de puissances étrangères » cherchant à « contrôler la position géostratégique du Soudan et ses richesses ».
Revenant sur les événements récents, l’ambassadeur a rappelé que les FSR avaient refusé leur intégration dans l’armée nationale après 2019, avant de tenter un coup d’État le 15 avril 2023. Cette tentative avortée aurait plongé le pays dans la guerre, provoquant « meurtres, viols, pillages et destructions massives », notamment à Khartoum.
« La milice a adopté la tactique de la terre brûlée », a-t-il déclaré, accusant les FSR de documenter eux-mêmes leurs crimes diffusés en ligne.
Appel à la communauté internationale
L’ambassadeur a dénoncé le siège de plus de 500 jours imposé à El Fasher, marqué par plus de 200 attaques. Malgré la résolution 2736 adoptée par le Conseil de sécurité des Nations unies le 13 juin 2024, exigeant la levée du siège, « la milice n’a pas tenu compte de cette décision », a-t-il regretté.
Il a évoqué des milliers de morts, majoritairement des femmes, enfants et personnes âgées, et une crise humanitaire sans précédent.
Le diplomate soudanais a exhorté « la communauté internationale à faire pression sur les Émirats Arabes Unis afin qu’ils cessent d’armer et de financer la milice ». Il a également plaidé pour que les FSR soient reconnues comme groupe terroriste et jugées pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Il a demandé que le gouvernement soudanais soit soutenu dans la mise en œuvre d’une feuille de route pour la paix et la reconstruction, incluant la réhabilitation de Khartoum et le retour des déplacés.












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