Pape Alé Niang vient d’engager, avec ses collègues, un combat contre la Confédération africaine de football au sujet de la diffusion de la Coupe d’Afrique des nations (CAN). Le Directeur général de la RTS veut disposer des 52 matchs de la compétition et non 32 matchs pour un montant de plus d’un milliard. Une somme supportée par l’État d’ailleurs, puisque la RTS n’a pas les moyens.
Animant un panel mercredi dernier à la maison de la presse à l’occasion du Salon international des médias, il a profité de la tribune pour dénoncer le comportement de la CAF et annoncer l’initiative prise avec d’autres directeurs de télévision en Afrique. « La Can est une compétition africaine, une fête du continent. Or, de par son lobbying, Canal dispose de 52 matchs alors que les télévisions publiques n’ont que 32 matchs. On veut forcer le public à acheter le bouquet canal pour avoir tous les matchs », regrette-il.
L’autre injustice est que ces 32 matchs étaient valables uniquement en Afrique francophone, les anglophones ayant l’intégralité de la compétition. Ainsi, avec d’autres pays, le Sénégal a porté le lead pour mettre un terme à cela. « Nous avons adressé une correspondance à la CAF », révèle Pape Alé Niang.
Cependant, les choses ne semblent pas aller dans le sens souhaité, du moins jusqu’ici. Car au lieu d’accorder les 52 matchs aux francophones, la CAF veut niveler par le bas en accordant 32 matchs à la zone anglophone. Précisons au passage que Canal a récemment (septembre-octobre) acheté MultiChoise, le bouquet sud-africain qui était son rival dans les pays anglophones. Le combat contre CAF et Canal ne sera donc pas une mince affaire.
Par ailleurs, Mamadou Baal, l’ancien Directeur de la télé, modérateur du panel susmentionné, a révélé que là où les droits de transmission s’élèvent à plus d’un milliard pour la CAN, ils sont de 300 millions pour la Coupe du monde. Baal suggère à toutes les télés africaines de boycotter la CAN d’autant plus qu’elles sont seules à diffuser cette compétition. « Aucune autre télé ne diffuse la CAN en dehors des télévisions africaines. Il faut boycotter pour faire revenir la Caf à la raison ».
L’ancien Directeur se rappelle que pour diffuser la CAN, il fallait juste consentir à donner 10 ou 15 mn de publicité et c’était suffisant pour couvrir les droits de transmission. Ce n’est que lorsque la Caf les a vendus à un privé que tout est devenu cher.
Le panel en question portait sur le contenu des télévisions africaines et le narratif sur l’Afrique. Ce qui pose la question de la collaboration entre les télévisions face au déficit de moyens mais aussi la nécessité de travailler avec les producteurs et créateurs de contenu pour raconter l’autre Afrique absente dans les médias occidentaux.