« Toute vérité passe par trois étapes, d’abord elle est ridiculisée, ensuite elle est violemment combattue et enfin elle est acceptée comme une évidence », selon le philosophe allemand Arthur Schopenhauer. Cet aphorisme est-il en train de s’appliquer à la figure de Tahirou Sarr ?
Le député, connu pour ses prises de position nationalistes et ses diatribes outrancières, notamment envers les Guinéens installés au Sénégal, a soulevé la question du nombre d’étrangers dans le pays. S’il est permis de douter de la justesse de son diagnostic, force est de constater qu’il a trouvé des alliés inattendus ces dernières semaines : deux avocats de renom, Me Demba Ciré Bathily et Me Massokhna Kane.
C’est là que réside le fait inédit : la question de l’immigration, souvent cantonnée aux cercles politiques marginaux ou aux forums internet, est désormais portée par des personnalités influentes de la société civile..
Me Demba Cire Bathily, dans un texte largement relayé par Seneweb le 4 octobre, a évoqué une « forme d’envahissement » par des populations issues des « pays limitrophes ». S’inspirant de la célèbre formule de Michel Rocard en France – « Nous ne pouvons pas accueillir toute la misère du monde » – l’avocat a martelé : « Ce n’est pas de la xénophobie, c’est s’adapter aux défis de notre temps. Nous ne pouvons pas accueillir les chômeurs des pays voisins, les lois sur le séjour l’interdisent, nous ne pouvons plus tolérer le trafic des migrants à travers les formes modernes d’esclavage que sont la mendicité et la prostitution. Le spectacle du démantèlement aux mamelles, le racolage dans les rues de Saly Portudal sont là pour nous le rappeler. Trop, c’est trop ».
Me Massokhna Kane, allant encore plus loin au micro de la RTS, a établi un lien direct entre immigration et montée de la criminalité. Le Président de SOS Consommateurs s’est élevé contre l’importation de « mendiants, de lépreux, de charlatans et même de grands criminels ». Il a insisté sur le fait que « Les rues de Dakar sont bondées d’étrangers problématiques », exhortant les autorités à s’attaquer à la « porosité des frontières sénégalaises ».
Quand deux figures du barreau s’emparent de ces questions et s’expriment avec une telle vigueur, il devient impératif de sortir des vaines postures morales. Un vrai débat serein sur l’immigration doit être ouvert. Il est crucial que les autorités, notamment policières, fassent preuve de transparence et fournissent des données fiables pour aider à démêler le vrai du faux dans un sujet où la passion prend trop souvent le pas sur la raison.
Cette nécessité est d’autant plus pressante qu’un simple tour sur les réseaux sociaux et dans les forums de discussion, comme celui de Seneweb, révèle une forte inquiétude, voire un véritable sentiment anti-étranger, qui semble se développer au sein de la population sénégalaise.
Malheureusement, en assénant des slogans définitifs et des phrases chocs sans les étayer par des chiffres ou des faits probants, Me Bathily et Me Kane ne participent pas à la sérénité du débat, mais contribuent au contraire à entretenir des passions tristes.












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