Il y a un an, le Président Diomaye Faye lançait la vision Sénégal 2050. Un référentiel des politiques publiques articulé autour de quatre grands axes : une économie compétitive bâtie sur un cadre macroéconomique assaini et stable, le renforcement du capital humain et de l’équité sociale, l’aménagement et le développement durables ainsi qu’une bonne gouvernance et un engagement africain.
«Ce référentiel est notre feuille de route pour les 25 prochaines années, déclinée en stratégies décennales et quinquennales qui permettront de mesurer, d’ajuster et d’optimiser nos efforts en temps réel», disait le président de la République le 14 octobre 2024, lors de la cérémonie de lancement officiel. Aujourd’hui, un an après, qu’en est-il véritablement de la mise en œuvre?
«Le plan qui est actuellement sur le marché, c’est la Stratégie nationale de développement (2025-2029). La Vision 2050 n’est pas encore prête. Nous ne savons pas encore ce que l’on va faire. Qu’est-ce qu’on va faire dans les pôles ? Nous ne l’avons pas dans la vision 2050», indique Dr Seydou Bocoum, Vice-président du Laboratoire de recherche économique et monétaire (Larem)/Ucad).
Ce qui froisse l’économiste, c’est que, dit-il, «Sénégal 2050» est un modèle néolibéral, issu du consensus de Washington. «Et tous les plans, de Abdou Diouf jusqu’ici, sont des plans néolibéraux du Fmi et ça ne va jamais développer un pays», dit-il.
« Il faut s’attendre à un retard, peut-être, considérable »
Economiste et enseignant à l’Université Cheikh Anta Diop, Maissa Babou est clair : la mise en exécution du référentiel Sénégal 2050 n’est pas encore pleinement effective. Le spécialiste avertit que «sur le plan purement économique du Référentiel, il faut s’attendre à un retard, peut-être, considérable». La raison, selon lui, il faudrait la trouver dans la situation actuelle du pays.
«C’est principalement dû au surendettement qui empêche le pays d’aller sur les grandes places financières internationales, contrairement au régime précédent qui avait mobilisé pour son PAP1 (Programme d’actions prioritaires) autour de 9000 milliards et 15 000 milliards pour le PAP2», explique l’Universitaire.
Aujourd’hui, la signature d’un nouveau programme avec le Fmi prend du temps et les agences de notation dégradent la note du pays. L’Etat du Sénégal ne pouvant aller emprunter sur ces marchés financiers internationaux pour dérouler correctement son référentiel, il se contente des obligations maison.
«Tout ça pour dire qu’on n’a pas encore les moyens de démarrer réellement, sur le plan économique, les projets du référentiel 2050», précise l’économiste.
Pour illustrer ce retard à l’allumage, M. Babou donne l’exemple des pôles qui sont censés représenter le cœur, ou les moteurs économiques du projet. «Ce cœur-là n’est pas encore attaqué par manque de moyens», relève-t-il. Et donc, « Ce retard qu’on observe effectivement sur le démarrage effectif sur le plan économique du projet, s’explique amplement», dit-il.
La question de l’articulations entre Sénégal 2050 et le PRES
Par ailleurs, à côté du référentiel, le gouvernement a conçu une autre stratégie : le Plan de redressement économique et social (Pres). Y-a-t-il vraiment une articulation entre les deux? «Le PRES est un levier d’amélioration des recettes de l’Etat. Et donc un appoint aux projets du référentiel», explique l’économiste.
Pour lui, si l’État parvient à avoir des ressources supplémentaires avec le Pres, cela permettrait de mieux faire face aux dépenses courantes et peut-être diminuer les appels publics à l’épargne (Ape). «Et si possible même lancer quelques projets (Du référentiel). Donc ce n’est pas un projet contre un projet, mais un appoint», estime M. Babou.
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