La télévision n’a pas de secret pour lui. Pape Atoumane Diaw, journaliste formateur au Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti), analyse les différentes évolutions notées dans le rôle de journaliste-présentatrice. Il explique également les b.a.-ba du métier.
Comment définiriez-vous le rôle d’une présentatrice télé aujourd’hui ?
Je parlerai plutôt de journaliste-présentatrice. La présentatrice de news doit d’abord être une journaliste formée à bonne école. Elle doit participer à la réunion de rédaction du matin aux côtés du rédacteur en chef et du chef d’édition, en présence des reporters disponibles. La journaliste-présentatrice a, du coup, un rôle central dans le choix du menu du journal à présenter aux téléspectateurs, c’est-à-dire des sujets d’actualité à traiter selon un ordre d’importance consigné dans un « conducteur ». Elle peut aussi faire des suggestions à la réalisation technique et à la présentation du journal télévisé. Mais c’est vraiment dommage de voir, aujourd’hui, émerger une catégorie de présentatrices « pots de fleurs », sans scrupules, que l’on arrose de « chapeaux ». Les « chapeaux », dans le jargon du métier, sont les textes courts qui introduisent les éléments du journal. Ces présentatrices se contentent donc, tout au plus, de la réécriture plate des « chapeaux » et passent beaucoup de temps devant leur garde-robe et devant le miroir des salons de beauté pour un maquillage et une coiffure qui font souvent jaser.
Le métier a-t-il évolué avec les nouvelles technologies et les réseaux sociaux ?
Absolument ! L’intégration de la réalité augmentée (Ra), de l’intelligence artificielle (Ia), des caméras robots, des décors virtuels et des Led à lumière froide dans le système de production du journal télévisé constitue une véritable prouesse technologique qui a considérablement amélioré le rendu visuel et permis une meilleure compréhension des sujets par les téléspectateurs. Mais n’oublions pas que le téléprompteur, apparu en 1950 aux États-Unis, constituait déjà un exploit technologique. Il permet au journaliste-présentateur de lire son texte tout en regardant la caméra et en fixant du regard les téléspectateurs.
Quels sont les défis quotidiens auxquels une présentatrice est confrontée ?
La journaliste-présentatrice doit toujours être au fait de la marche du monde. Pour ce faire, elle doit lire la presse, écouter la radio, regarder la télévision et explorer les réseaux sociaux. Elle doit aussi débriefer ses prestations et se perfectionner. Ne pas tester sa popularité au coin de la rue. Il faut constamment se remettre en cause et rester humble, en évitant de s’installer dans une bulle, car rien n’est définitivement acquis.
Comment se prépare-t-on avant une émission en direct ?
La télévision laisse peu de place à l’improvisation. Derrière chaque journaliste-présentateur se cache toute une équipe mobilisée pour réussir le pari du direct. Une réunion de production regroupant tout le corps de métier se tient et les mesures nécessaires au bon déroulement du direct sont prises.
Quel est l’impact de l’image et de la voix dans ce métier ?
En télévision, l’image et la voix constituent une barrière à l’entrée. Il faut être télégénique et avoir une voix qui porte. L’image est le premier message que l’on envoie au téléspectateur. On va s’arrêter un peu sur un phénomène qui ne vous a peut-être pas échappé. Presque toutes les chaînes de télévision sénégalaises font la promotion du teint clair. Or, l’image qu’offrent aujourd’hui certaines présentatrices télé n’est pas des plus reluisantes. Exposer ces présentatrices « xessalisées » à des heures de forte audience contribue à la promotion de la dépigmentation de la peau. L’un des traits caractéristiques de la femme sénégalaise, c’est le bel éclat de sa peau noire. N’oublions pas que la télévision est le reflet de la société dans laquelle elle est implantée.
Une présentatrice doit-elle adapter son style selon le type de programme (journal, divertissement, débat…) ?
Le style est plus solennel quand il s’agit de journaux télévisés. Il est décontracté quand il s’agit de débats et encore plus pour les programmes de divertissement. Le journal télévisé impose un code vestimentaire discret et une sobriété dans les mouvements corporels. Le port de grosses lunettes et les couleurs vives, notamment le rouge, sont à bannir.
Quelle est la responsabilité d’une présentatrice vis-à-vis du public ?
La présentatrice télé peut influencer le mode de vie et de pensée du public. La télévision doit participer à l’éducation des populations, faire la promotion des valeurs et dénoncer les mauvais comportements.
Par Le Soleil
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