Ayib Daffé : “Le Sénégal ne sera plus l’élève du FMI, mais un partenaire qui défend ses propres priorités”

Invité du « Jury du dimanche » sur iRadio, le président du groupe parlementaire PASTEF, Ayib Daffé, a défendu la posture économique du gouvernement Diomaye Faye face au Fonds monétaire international (FMI). Selon lui, il ne s’agit plus de subir les politiques dictées de l’extérieur, mais de redéfinir les termes d’une coopération souveraine, centrée sur les besoins du peuple sénégalais. “Nous ne serons pas les élèves du FMI, mais des partenaires qui dialoguent d’égal à égal ».

Face aux critiques qui accusent le gouvernement de se plier aux exigences de l’institution de Bretton Woods, le président du groupe parlementaire PASTEF clarifie la ligne de conduite du Sénégal nouveau : souveraineté, fermeté et lucidité. “Aucun pays ne s’est développé sur des ordonnances venues de l’extérieur. Ce n’est pas au FMI de dicter nos priorités, c’est au peuple sénégalais de les définir”, tranche le député.

Pour lui, le Sénégal doit en finir avec la dépendance structurelle qui a marqué les décennies précédentes. “Trop souvent, nos politiques économiques ont été calquées sur des modèles étrangers, sans tenir compte de nos réalités productives. Cela nous a conduits à une croissance sans transformation, une richesse sans inclusion”, déplore-t-il.

Rebâtir sur des bases endogènes

Ayib Daffé insiste sur la nécessité de bâtir une économie fondée sur la mobilisation des ressources internes : fiscalité équitable, lutte contre la fraude, rationalisation des dépenses publiques et relance de la production nationale. “Chaque franc collecté doit être investi dans les secteurs qui nourrissent le pays : l’agriculture, la transformation locale, l’énergie, l’éducation, la santé. C’est cela, la souveraineté économique.”

Le député cite notamment les “Diaspora Bonds” et la réforme du Fonds souverain d’investissement stratégique (FONSIS) comme leviers pour financer le développement sans dépendre entièrement des institutions financières internationales. »Notre diaspora est un moteur économique. Il faut lui offrir des instruments fiables pour investir dans le pays, avec transparence et sécurité.”

Dialogue, pas soumission

Interrogé sur la position du gouvernement vis-à-vis du FMI, Ayib Daffé précise : “Nous ne sommes pas dans une logique de confrontation. Le Sénégal reste ouvert au dialogue, mais un dialogue d’égal à égal. Le FMI doit comprendre que le temps de la soumission aveugle est terminé.”

Il rappelle que les réformes structurelles doivent avant tout servir les intérêts des citoyens : “Les ajustements économiques n’ont de sens que s’ils améliorent la vie du peuple. On ne réforme pas pour plaire à un bailleur, mais pour bâtir un pays juste et prospère.” Pour le président du groupe parlementaire PASTEF, la rupture économique prônée par le gouvernement n’est pas idéologique, mais pragmatique. « Nous voulons une économie de dignité, où le Sénégal décide pour lui-même. Le FMI peut être un partenaire, mais pas un tuteur. La souveraineté ne se négocie pas, elle s’exerce.”

Et de conclure :“Nous avons hérité d’un pays endetté, affaibli par la dépendance. Notre responsabilité est de redonner au Sénégal le pouvoir de dire non quand il le faut, et de dire oui quand c’est juste pour son peuple.”

Auteur: seneweb