L’hydrogène vert en Afrique : mirage industriel ou promesse différée ?

Le rapport Global Hydrogen Review 2025 de l’Agence internationale de l’énergie, publié le 12 septembre, dresse un constat sans appel. L’Afrique, malgré des annonces spectaculaires en Mauritanie, en Namibie ou en Afrique du Sud, ne devrait pas voir émerger une production à grande échelle d’hydrogène vert d’ici 2030.

À peine 0,5 % des projets recensés disposent aujourd’hui d’investissements fermement engagés. Le ralentissement de l’intégration des énergies renouvelables, la dépendance aux exportations qui concernent près de 80 % des projets et le coût élevé du capital freinent la mise en œuvre. L’enthousiasme initial, nourri par les ambitions de faire du continent une future « centrale énergétique verte » du monde, se heurte à la réalité de marchés frileux et de conditions de financement peu favorables.

En dépit de cette situation, quelques projets pilotes devraient voir le jour, notamment autour de corridors stratégiques en Afrique australe et sahélienne. Ces initiatives, bien que modestes, offriront un socle expérimental permettant de tester les chaînes de valeur, d’évaluer les infrastructures portuaires nécessaires aux exportations et de former des compétences locales. Elles constitueront un tremplin pour préparer une montée en puissance ultérieure, une fois les conditions financières et technologiques plus propices.

Le rapport met en évidence l’écart entre les promesses politiques et la réalité industrielle. Si l’Afrique ne devrait pas devenir d’ici 2030 un acteur majeur de l’hydrogène vert, les bases posées aujourd’hui pourraient déterminer son rôle dans les décennies suivantes. La bataille autour de ce vecteur énergétique ne se joue donc pas seulement dans l’immédiat, mais dans la capacité des pays africains à attirer durablement des capitaux, renforcer leurs infrastructures et bâtir une stratégie tournée vers une exploitation domestique autant qu’exportatrice.

Auteur: seneweb