Inondations : Ndemba Diallo, géographe-urbaniste, propose des solutions pour en finir !

Chaque saison des pluies, le Sénégal est confronté à un scénario récurrent : quartiers inondés, routes impraticables, familles déplacées et pertes économiques importantes. Des villes comme Dakar, Pikine, Saint-Louis, Rufisque, Kaolack et Touba subissent les conséquences d’une urbanisation rapide et mal planifiée, exacerbées par le changement climatique.Une urbanisation anarchique à l’origine des crisesPour Ndemba Diallo, géographe-urbaniste et planificateur de projets urbains en France, les inondations à répétition ne se limitent pas à un problème d’évacuation des eaux. « Elles traduisent surtout les failles de notre modèle de développement urbain, qui ignore trop souvent les risques naturels », alerte-t-il. À Dakar, des zones autrefois marécageuses comme Yeumbeul, Dalifort ou Médina Gounass ont été loties sans études hydrologiques sérieuses. « Faute d’alternatives, les populations s’installent dans des zones inondables, s’exposant au danger », explique-t-il.Les réseaux de drainage, conçus il y a des décennies, sont dépassés et mal entretenus. « Caniveaux obstrués, bassins colmatés : chaque forte pluie devient une catastrophe », note l’expert. Le changement climatique aggrave la situation, avec des pluies plus intenses et imprévisibles. « En août 2025, certaines zones ont enregistré plus de 100 mm en une journée. À Saint-Louis, la montée du niveau de la mer menace directement les habitations », ajoute-t-il.Des impacts sociaux, sanitaires et économiquesLes inondations touchent principalement les quartiers populaires, creusant les inégalités sociales. Elles entraînent une recrudescence de maladies hydriques, comme le choléra ou le paludisme, et paralysent les transports et le commerce, causant des pertes économiques chiffrées en milliards de FCFA. « Ces crises répétées érodent la confiance entre citoyens et autorités », souligne Ndemba Diallo.Des solutions pour une résilience urbaineL’urbaniste propose trois axes prioritaires pour faire face aux inondations :

  1. Repenser la planification : stopper les constructions en zones inondables, relocaliser les familles exposées et intégrer les risques dans les plans directeurs d’urbanisme.
  2. Moderniser les infrastructures : construire des bassins de rétention, installer des stations de pompage performantes et privilégier des voiries perméables.
  3. Renforcer la prévention : cartographier les zones à risque, élaborer des plans d’urgence et sensibiliser les populations à l’entretien des canaux. « Aux Parcelles Assainies, une station de pompage a réduit le niveau d’eau de moitié en quelques heures », illustre-t-il.

S’inspirer des expériences internationalesNdemba Diallo cite des exemples de villes africaines et mondiales. Abidjan a investi dans un vaste programme de drainage, tandis que Kigali utilise drones et satellites pour cartographier les risques. Rotterdam, construite sous le niveau de la mer, combine infrastructures, espaces publics multifonctionnels et planification pour être un modèle de résilience.

« Les inondations ne sont pas une fatalité », insiste Ndemba Diallo. « Il faut anticiper plutôt que subir, investir dans des infrastructures modernes, planifier intelligemment et s’inspirer des meilleures pratiques. Avec une volonté politique forte, une mobilisation des collectivités et une coopération internationale, le Sénégal peut transformer chaque crise en opportunité pour bâtir des villes résilientes. »

Auteur: seneweb