ARRESTATION MAÏMOUNA NDOUR FAYE ET BABACAR FALL : Des avocats se prononcent
A la suite de l’arrestation des journalistes Maïmouna Ndour Faye et Babacar Fall, à la suite de leur interview avec Madiambal Diagne, des avocats interrogés par Seneweb ont donné leur avis sur cette affaire.
Sous le couvert de l’anonymat, un avocat a déclaré que l’arrestation de ces deux journalistes porte atteinte à la liberté de la presse. Il trouve qu’il n’existe aucune disposition qui interdit à un journaliste d’interviewer quelqu’un qui est poursuivi ou sous le coup d’un mandat d’arrêt. Il ajoute qu’il arrive que des individus poursuivis par la justice soient interviewés à visage découvert.
Un de ses confrères de rétorquer qu’en droit, interviewer un fugitif, qui est sous le coup d’un mandat d’arrêt international est une manière de défier la justice. « Quelqu’un, qui est sous le coup d’un mandat d’arrêt international, c’est en principe quelqu’un qui est recherché par la justice. Quelle que soit sa situation au niveau de son pays hôte, il est recherché par la justice sénégalaise. Quand on recherche quelqu’un, on estime qu’il est introuvable. De ce point de vue, l’interviewer publiquement, alors qu’il est supposé être introuvable et sous le coup d’un mandat d’arrêt, peut poser problème juridiquement. C’est comme dire que je suis recherché, mais je m’exprime et je m’expose. C’est une manière de défier la justice », a-t-il affirmé.
Poursuivant son analyse, il dit être étonné que la justice française ait laissé Madiambal Diagne s’adresser à la presse. L’avocat pense que s’il y a au moins quelqu’un qui est dans cette situation, même en le laissant sous contrôle judiciaire, on doit lui notifier un certain nombre d’obligations pour ne pas entraver la bonne marche de l’instruction.
« Pour ne pas porter atteinte à l’autorité de la justice, quelqu’un qui est dans cet état ne doit pas bénéficier d’un certain nombre de droits. Au plan interne, quand on vous accorde la liberté provisoire sous contrôle judiciaire, on vous interdit de vous adresser à la presse et de parler du fond de l’affaire », a-t-il fait comprendre.
L’avocat croit ainsi que la meilleure attitude aurait été que le Sénégal fasse une protestation au niveau des autorités françaises et convoque, au besoin, l’ambassadeur de France au Sénégal. Parce que, a-t-il souligné, la coopération internationale a des règles.
Avant d’ajouter : « Le Code de la presse ne peut pas régler ce problème. Le Code de la presse et le Code déontologique règlent les problèmes d’ordre général. C’est-à-dire les problèmes de respect de la déontologie. Le Code de la presse ne peut pas régler le problème de quelqu’un qui a des démêlés avec la justice. Le risque, c’est d’entraver la bonne marche de la justice. »
Et de conclure que les journalistes Maïmouna Ndour Faye et Babacar Fall peuvent être fautifs, mais il n’est pas évident qu’il ait une poursuite. Selon lui, le parquet peut ordonner des arrestations et ensuite classer le dossier sans suite.
Pour sa part, Maitre Alioune Badara Ndiaye a évoqué l’article 5 combiné avec l’article 57 du Code de la presse qui, dit-il, interdit à un journaliste d’interviewer une personne qui est sous le coup d’un mandat d’arrêt international. « L’article 5 du Code de la presse dispose carrément que le secret de l’instruction ne doit pas être violé par le journaliste. L’article 57 dit qu’il y a dans ce cas trouble à l’ordre public. Madiambal est un fugitif. Il est sous le coup d’un mandat d’arrêt international et est recherché par la justice sénégalaise. Donc, le journaliste qui l’interviewe viole les dispositions des articles 5 et 57 combinés du Code de la presse », a confié Me Ndiaye.
Pour lui, on ne fait qu’appliquer la loi, parce qu’il est interdit à un journaliste de faire une émission avec une personne qui est recherchée par la justice, sans pourtant demander la permission express aux autorités judiciaires sur la nature de l’émission, son objectif et le contenu envisagé.
Il a souligné que cette demande peut être rejetée, si l’infraction du fugitif est politique où son extradition est refusée pour des motifs politiques ou encore si cela peut nuire à l’enquête ou à la procédure judiciaire.













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