Mali: « blocus » jihadiste dans l’Ouest, transports et échanges avec le Sénégal perturbés

Les jihadistes du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) ont imposé un « blocus » de zones de l’ouest du Mali, attaquant des véhicules de transport et perturbant les échanges avec le Sénégal d’où proviennent des produits essentiels comme le carburant, ont affirmé vendredi à l’AFP des opérateurs économiques maliens.

Le Mali, pays pauvre enclavé, importe l’essentiel de ses produits. Par le nord passent notamment ceux convoyés par la route depuis le port de Dakar jusqu’à Bamako. D’autres arrivent de Mauritanie.

Des marchandises sont aussi acheminées à partir du port ivoirien d’Abidjan, au sud du pays.

Le GSIM a annoncé mercredi soir la mise en place un blocus sur les régions maliennes de Kayes et de Nioro (ouest), des zones frontalières respectivement du Sénégal et de la Mauritanie.

Le groupe jihadiste veut empêcher l’entrée de carburant importé, notamment du Sénégal et a menacé les transporteurs de brûler leurs camions-citernes ou de tuer les chauffeurs.

Il multiplie depuis plusieurs semaines les attaques contre des cibles économiques et industrielles, en vue d’affaiblir la junte au pouvoir au Mali depuis deux coups d’Etat en 2020 et 2021.

A Nioro du Sahel, localité de la région de Nioro, « les accès à la ville sont fermés » à cause du blocus des jihadistes, a indiqué vendredi à l’AFP un habitant.

« Nous amenons le carburant du Sénégal généralement, mais avons préféré arrêter pour le moment nos activités. Les jihadistes ont brûlé déjà des bus et nous ne voulons pas subir des dégâts », a déclaré à l’AFP un responsable d’une société malienne de transport.

Un chef d’une compagnie transportant des passagers entre Bamako et Dakar via Kayes a dit vendredi à l’AFP avoir également « arrêté ses activités jusqu’à nouvel ordre, compte tenu de la situation sécuritaire ».

Les deux se sont exprimés sous couvert de l’anonymat pour des raisons de sécurité.

« L’Etat est en train de prendre des dispositions pour assurer la sécurité des biens et des personnes sur l’axe routier » Bamako-Dakar, a affirmé à l’AFP une source proche du ministère chargé des Transport.

Le Mali est confronté depuis 2012 à une crise sécuritaire nourrie par les violences de groupes affiliés à Al-Qaïda et au groupe État islamique (EI), ainsi qu’à celles de bandes criminelles communautaires.

Le régime, qui mène une politique souverainiste et a tourné le dos à l’ancienne puissance coloniale française, s’est aussi rapproché de la Turquie et de la Russie.

Auteur: AFP |