[Le Match] Lamine Camara vs Habib Diarra : Qui est le meilleur milieu de terrain ?

Dans ce nouvel opus des « Matchs » de Seneweb, la Rédaction confronte les deux figures montantes de l’équipe nationale du Sénégal. D’un côté Habib Diarra, ex-capitaine de Strasbourg transféré à Sunderland, auteur de 4 buts lors de ses 3 derniers matchs avec les Lions, puis, d’un autre côté, Lamine Camara, nommé meilleur espoir du continent africain deux fois de suite (2023 et 2024) et déjà métronome du jeu sénégalais. Nés à 2 jours d’intervalle (1er janvier 2004 pour Camara et le 3 janvier 2004 pour Diarra), ils incarnent les espoirs d’une génération dorée. Mais s’il fallait choisir un seul milieu, qui l’emporterait ? Le « Match » est lancé ! 

Face à la complexité de leur poste, cinq critères fondamentaux seront passés au crible pour départager les deux joueurs : la qualité de passe, la défense, la projection offensive, le leadership et le contrôle du jeu. À chaque compartiment son gagnant. Celui qui remporte le plus de manches gagne ce « Match ».

Qualité de passe

Indispensable au poste de milieu, la qualité de passe distingue les bons des très bons. Dans ce régistre, Habib Diarra s’en sort très bien. Avec son gros volume de jeu, le néo « Black Cat » est très précis avec ses passes courtes. Avec Strasbourg la saison dernière, il a affiché une moyenne de 26,6 passes réussies par match. Un ratio de 87%. Il affiche aussi quasiment une passe clé en moyenne par match (0,9 pour être exact). Dans le jeu long, cependant, Diarra reste perfectible.

A l’inverse, Lamine Camara est l’une des références au Sénégal sur ce compartiment. Le joueur de l’AS Monaco excelle aussi bien en passe courte qu’en passe longue. En équipe nationale comme avec le club du Rocher, Camara est le maire-artificier sur balles arrêtées. Perception que les stats confirment. Cette saison, en Ligue 1, il a affiché une moyenne de 40,8 passes précises par match, avec un ratio équivalent à son adversaire du jour (87%). C’est surtout en longues passes que la différence se fait. Camara affiche 2,5 passes longues réussies en moyenne par match, là où Diarra n’en comptabilise que 0,9 par match. En passes lobées, Camara en compte 1,8 par match, contre 0,5 pour Diarra. Sur les statistiques, Camara surpasse Diarra en qualité de passe. Avantage donc pour Lamine Camara : 1-0.

Défense

Pressing, marquage, capacité d’interceptions et de récupération, force dans les duels… voici quelques compétences essentielles pour les joueurs en position de pivot qui doivent protéger la ligne défensive. Avec son gros volume de jeu, Habib Diarra excelle en pressing. Il est capable de presser haut, de harceler son adversaire sur tous les fronts du terrain. Mais dans les autres aspects défensifs, Lamine Camara le surpasse. En récupération du ballon, duels remportés, tacles réussis, le monégasque est loin devant son compatriote. En 29 matchs de Ligue 1, un de moins que l’ancien de Strasbourg, Camara a effectué 66 tacles, contre 22 pour Diarra, 31 interceptions contre 13 et 23 duels aériens remportés contre 12 pour le nouveau joueur de Sunderland. De meilleures compétences défensives qui font que Lamine Camara est souvent utilisé dans une position plus basse que Diarra, en club comme en sélection. Dans ce « Match », Camara fait le break : 2-0.

Projection

Se projeter et soutenir les attaques est devenu l’un des premiers rôles des milieux de terrain. Ce n’est plus du dépassement de fonction, mais une évolution du poste qui l’intègre. Avec cette manche, Habib Diarra réduit le score : 2-1. En effet, le nouveau de joueur de Sunderland a plus de panoplie offensive que Lamine Camara, avec sa grande capacité de finisseur, son sang froid et son habileté dans les 30 derniers mètres. Les déplacements entre les lignes de Diarra reflètent également sa grande intelligence de jeu, essentielle pour bien jouer dans les petits espaces. Bien exploité dans un dispositif qui lui convient, Diarra peut être un redoutable milieu – buteur. Pape Thiaw l’a su en ses faveurs. Avec l’équipe nationale du Sénégal, Diarra est sur une série de 4 buts lors des 3 derniers matchs. Il a aussi inscrit 4 réalisations avec Strasbourg.

De l’autre côté, Lamine Camara se débrouille bien dans le dernier tiers. Il a marqué 2 buts avec Monaco en Ligue 1 et délivré 7 passes décisives. Deux de plus que Diarra, mais Camara a bénéficié d’un meilleur taux de conversion grâce à l’effectif plus fourni de l’ASM. Camara tente également beaucoup sa chance, crée des occasions, mais reste derrière Diarra sur ce registre, qui bénéficie d’une plus grande polyvalence et d’un plus gros volume.

Leadership

L’ancien rugbyman, Raphaël Ibanez, disait : « La différence entre un bon joueur et un très bon joueur, c’est la personnalité ». Cette citation est également valable pour le football. Si les bons joueurs se contentent de bien faire leur travail, les grands joueurs, eux, emportent toute l’équipe dans leur sillage grâce à leur personnalité et leur leadership.

Explosif sur le terrain et réservé en dehors, Lamine Camara incarne la discipline. Le jeune milieu de terrain peut également être un leader technique. La preuve, il s’est rapidement imposé à Metz, à Monaco et au Sénégal, devenant le tireur attitré des coups de pied arrêtés et le dépositaire du jeu malgré son jeune âge.

Toutefois, sur ce registre (leadership), Habib Diarra devance son coéquipier en équipe nationale. En effet, le joueur né à Guédiawaye est un meneur d’homme, un unificateur, un leader dans l’âme. Dans quasiment toutes les catégories de jeunes où il est passé, Diarra a souvent porté le brassard. Ses qualités de leader ont même poussé Liam Rosenior, entraîneur de Strasbourg, à faire de lui le capitaine de l’équipe la saison dernière… à seulement 20 ans ! « J’adore Habib Diarra, c’est un vrai compétiteur », dira-t-il ensuite. Résultat, le capitaine a grandement participé à la saison exceptionnelle du Racing avec une qualification en Conférence League. Dans ce « Match », Habib Diarra égalise à 2 partout, avant la dernière manche.

Contrôle du jeu

Il y a encore deux décennies, les milieux défensifs s’occupaient essentiellement de la récupération du ballon, laissant au « numéro 10 » la lattitude de deicter le jeu. Aujourd’hui, ce poste a presque disparu et les milieux centraux sont devenus les chefs d’orchestre.

Avec sa qualité dans le jeu long et le jeu court, sa capacité à trouver les bons décalages, sa technique balle au pied, Lamine Camara a le profil idéal du milieu moderne. Peu importe le dispositif, le schéma de jeu ou sa position, il donne maîtrise et fluidité à son équipe. De l’autre côté, Habib Diarra, aussi, a des qualités indéniables du milieu moderne. Son sens du déplacement est crucial dans la possession du ballon. Sa simplicité : rarissime. Diarra joue juste et perd très peu de ballons. Il symbolise la célèbre phrase de Johan Cruyff : « Jouer au football, c’est très simple, mais jouer un football simple est la chose la plus difficile qui soit».

Victoire pour Lamine Camara

Bien que différent, les deux joueurs sont performants dans le contrôle du jeu. Mais pour sa large palette, son aisance et son habileté technique, Lamine Camara remporte cette dernière manche décisive. Avec 3 victoires contre 2 pour Habib Diarra, le jeune monégasque remporte également ce « Match » de Seneweb.

A 21 ans, les deux joueurs ont encore une grande marge de progression et pourraient ajouter, dans les prochaines années, d’autres arc à leur palette technique.

Pour l’équipe nationale, nul besoin d’un match entre Diarra et Camara. Les Sénégalais auront le bonheur de compter sur les deux joueurs pendant des années encore.

Auteur: seneweb