Pr Amath Ndiaye : « Pourquoi le FMI est indispensable pour éviter une flambée des factures d’électricité ! »
Le Sénégal fait face à une crise financière marquée par des déficits budgétaires persistants et un endettement galopant, avec un service de la dette de plus en plus lourd et des besoins annuels dépassant 5 000 milliards FCFA (2025–2028), selon Pr Amath Ndiaye, économiste à la FASEG-UCAD. Dans ce contexte, le recours au Fonds Monétaire International (FMI) s’impose comme une nécessité pragmatique, et non idéologique, pour stabiliser les finances publiques via des prêts concessionnels, malgré l’absence d’une gestion soutenable de la dette dans le Plan de Redressement Économique et Social (PRES).
Un besoin structurel, même pour les grandes économies
Avec des besoins totaux estimés à 22 480 milliards FCFA sur 2025–2028 (déficit + amortissement), les ressources internes ne suffisent pas. Le FMI, offrant des taux bas et des échéances longues, sert d’amortisseur, comme en témoignent la Grèce et l’Argentine, cette dernière ayant obtenu 42 milliards de dollars (24 271 milliards FCFA) le 11 avril 2025 du FMI, de la Banque mondiale et de la BID, salué comme un « vote de confiance ».
Un prêt FMI peut éviter une flambée des factures d’électricité ou des carburants, préservant le pouvoir d’achat. Sur un scénario avec une croissance de 6,5 %, une inflation de 2,5 % et un déficit ramené à 3 % du PIB en 2027, un ajustement de 2 031 milliards FCFA est proposé : 812 milliards FCFA (40 %) via la rationalisation des dépenses, 609 milliards FCFA (30 %) par une fiscalité accrue, 406 milliards FCFA (20 %) par la réduction des niches fiscales, et 204 milliards FCFA (10 %) par la cession d’actifs publics.
Limites des financements régionaux
Rejeter le FMI pousserait à augmenter les impôts et capter l’épargne domestique, nuisant au secteur privé, réduisant l’investissement et augmentant l’inflation. Les fonds UMOA-Titres, limités et coûteux (taux élevés), ne combleraient pas les besoins, rendant la dette insoutenable.
Conclusion
« Le Sénégal a besoin du FMI pour éviter un choc économique, mais cet appui doit éviter des mesures brutales comme une hausse de l’énergie », conclut Ndiaye. Une stratégie réussie repose sur des réformes structurelles et une négociation FMI garantissant cohésion sociale et croissance endogène.
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