Le 12 août 2025, le Fonds monétaire international (FMI) a publié sa liste des pays accusant des retards supérieurs à 18 mois dans leurs consultations au titre de l’Article IV, révélant les défis économiques et institutionnels persistants pour plusieurs États africains. Cette liste constitue un signal fort sur la gouvernance économique et la stabilité politique des pays concernés.
Les consultations Article IV, obligatoires pour les 191 États membres du FMI, impliquent une mission d’évaluation de la santé économique, des politiques budgétaires et monétaires du pays, avant approbation du rapport par le Conseil d’administration. Un retard de plus de 18 mois, après une période de grâce de trois mois, entraîne souvent le gel des financements internationaux et alerte les investisseurs.
L’Afrique concentre cinq des treize pays listés : Soudan (34 mois), Érythrée (45 mois), Liberia (20 mois), Tunisie (39 mois) et Sénégal (18 mois). Le Soudan et l’Érythrée incarnent les retards les plus chroniques. La guerre civile soudanaise depuis février 2020 paralyse les institutions, tandis que l’Érythrée reste isolée depuis 2019, rendant impossible tout dialogue économique. Ces crises traduisent une rupture durable avec le FMI et bloquent l’accès aux aides concessionnelles et à la restructuration de la dette.
D’autres retards sont plus circonstanciels. Le Liberia, affecté par un changement de gouvernement, affiche 20 mois de retard. Une mission FMI a été menée en juin 2025 et un débat au Conseil est prévu en septembre, signalant une reprise possible du dialogue. La Tunisie, pour sa part, justifie son retard par une « demande des autorités », révélant des tensions internes sur les réformes économiques.
Le Sénégal, nouvellement inscrit sur la liste avec 18 mois de retard, illustre l’impact des incertitudes politiques sur la gouvernance économique. Des dettes cachées de 7 milliards de dollars, découvertes sous la présidence de Macky Sall, ont conduit le FMI à suspendre ses programmes d’aide. En réponse, le gouvernement sénégalais a lancé le 1er août 2025 le plan « Jubbanti Koom », visant à redresser la situation budgétaire et sociale du pays.
À l’inverse, certains pays africains sont récemment sortis de la liste, dont l’Égypte, l’Éthiopie et le Malawi. Ces sorties illustrent que la régularisation rapide des consultations, par stabilisation politique ou ancrage dans un programme du FMI, permet de restaurer l’accès aux financements et de rassurer les investisseurs. L’Éthiopie, par exemple, a retrouvé la coopération après la stabilisation post-conflit, tandis que l’Égypte a régularisé sa situation en 2025 grâce à un programme bien suivi.
L’analyse du FMI révèle trois grandes causes de retard. Les crises politiques et sécuritaires dominent, affectant près de la moitié des pays, comme le Venezuela ou le Soudan. Les retards liés aux autorités nationales ou classés « divers » traduisent des tensions dans la relation avec le FMI ou des contraintes administratives, observées en Tunisie, Érythrée ou Iran. Enfin, les facteurs contingents, comme au Sénégal ou au Liberia, sont souvent liés à des transitions politiques récentes, mais peuvent être résolus rapidement.
Pour les experts en risques pays et dette souveraine, ces retards constituent des indicateurs clés de fragilité. Un pays en retard prolongé sur l’Article IV voit son accès aux financements concessionnels restreint et sa crédibilité économique affaiblie, compliquant les efforts de redressement.
source/senenews
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