C’est une petite révolution dans le football africain. Le président de la Confédération africaine de football (CAF), Dr Patrice Motsepe, a annoncé ce samedi à Rabat que la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) se jouera désormais tous les quatre ans à partir de 2028, à l’image de l’Euro et de la Coupe du monde.
Jusqu’ici organisée tous les deux ans depuis 1968, la compétition phare du continent va donc se faire plus rare, mais aussi plus prestigieuse. « Ce changement vise à harmoniser le calendrier africain avec celui du football mondial », a expliqué Motsepe devant la presse, à la veille du coup d’envoi de la CAN 2025 au Maroc.
La prochaine édition reste maintenue en 2027, au Kenya, en Ouganda et en Tanzanie, avant que la suivante ne se tienne en 2028. Ce nouveau rythme quadriennal s’inscrit dans une volonté plus large de restructurer la gouvernance et la compétitivité du football africain.
Une nouvelle compétition : la Ligue des Nations africaines
Autre annonce majeure : la création d’une Ligue des Nations africaines, inspirée du modèle européen. Cette compétition verra le jour en 2029, après la Coupe du monde des clubs de la FIFA. Elle réunira les 54 sélections du continent, réparties en quatre zones régionales.
Chaque zone organisera ses propres rencontres qualificatives avant une phase finale entre les champions régionaux, prévue au mois de novembre.
« Ce sera une compétition annuelle, avec plus de prize-money, plus de ressources et plus d’opportunités pour les équipes nationales », a souligné Motsepe, qui a travaillé sur ce projet en collaboration avec le président de la FIFA, Gianni Infantino.
Un modèle économique repensé pour un football africain plus fort
Au-delà du spectacle sportif, ces réformes répondent à une logique économique et structurelle. Le patron de la CAF insiste sur la nécessité de générer des revenus réguliers pour soutenir le développement du football sur le continent.
« Historiquement, la CAN était notre principale source de financement. Avec la Ligue des Nations africaines, nous aurons désormais des ressources chaque année », a-t-il expliqué.
L’objectif affiché est clair : investir dans des infrastructures modernes, des stades de qualité internationale et un meilleur accompagnement des fédérations nationales. Ce mécanisme devrait permettre d’assurer une redistribution plus constante des ressources et de renforcer la base du football africain.
Un risque pour la dynamique de développement sur le continent
Mais cette décision de passer à un format quadriennal ne fait pas l’unanimité. Car si la CAN devient plus prestigieuse, elle pourrait aussi freiner la dynamique de développement sportif et infrastructurel observée ces dernières décennies.
Organiser la CAN tous les deux ans a souvent permis à plusieurs pays africains de moderniser leurs infrastructures, de bâtir ou rénover des stades, d’améliorer les routes, les aéroports et parfois même les réseaux hôteliers.
Chaque édition représentait un levier d’investissement et un catalyseur de politiques publiques en faveur du sport.
En espaçant les éditions, la CAF prend donc le risque de ralentir cet élan, alors que la régularité du tournoi constituait un moteur de développement pour de nombreux États. La CAN servait aussi de vitrine diplomatique et économique, poussant les gouvernements à adopter de véritables stratégies nationales pour accueillir la compétition.
Un football africain à l’heure de la mondialisation
En s’alignant sur les standards internationaux, la CAF ambitionne néanmoins de renforcer la visibilité et la compétitivité de ses équipes. La réduction du nombre de CAN pourrait également réduire la fatigue des joueurs et faciliter la disponibilité des stars africaines évoluant en Europe.
Parallèlement, la nouvelle Ligue des Nations africaine offrira un cadre régulier de compétition et permettra aux sélections de se mesurer plus souvent tout en maintenant un haut niveau d’engagement.
« Nous voulons bâtir un football africain fort, attractif et durable », a résumé Patrice Motsepe, promettant une ère nouvelle pour le ballon rond continental plus structurée, plus ambitieuse, mais dont l’impact sur le développement à la base devra être suivi de près.
source/Le Soleil














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